Monségur, bastide de hauteur
Située sur un éperon dominant le Drot, Monségur a été fondée en 1265 par Eléonore de Provence, épouse d’Henri III Plantagenêt, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine.
Elle conforte ainsi l’autorité des Plantagenêt en Bordelais, au moment où Henri III est prisonnier de ses barons révoltés en Angleterre.
L’Esclapot : le livre des origines
L’Esclapot (83 folios de parchemin protégés par une couverture de bois) comporte un calendrier perpétuel, des extraits des évangiles, la charte de fondation et ses confirmations, les statuts de la jurade qui définissent les fondements de la vie des habitants, documents exceptionnels sur l’histoire de la bastide.
Un plan adapté au site
Les arpenteurs ont adapté le tracé orthogonal caractéristique des bastides à la topographie. Ils ont disposé la place le long de l’axe est-ouest du promontoire, dont l’espace supplémentaire a été affecté aux cultures intra muros.
La place du marché sert d’articulation à l’infl exion des axes des rues principales larges et favorables à la circulation. Les remparts cernent la bastide sur environ de 1800 mètres.
Des origines à aujourd’hui | pérennité du plan initial
Des matériaux trouvés sur place
Dès la fondation de Monségur, la pierre a été réservée aux édifi ces prestigieux ou solidement construits (église, arcades, maisons de commerçants ou juristes, remparts, portes de ville). L’ancienne halle et la plupart des habitations sont alors à pans de bois.
La bastide n’a pas été épargnée par la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, la Fronde et les épidémies. Chaque fois, elle s’est relevée.
Renaître, s’adapter
La Tour du Gouverneur, les fenêtres à meneaux du ruet du Soleil évoquent la Renaissance. L’église a gardé le plan (nef et chapelles latérales) des églises de bastides. L’Hôtel de Ville a eu son beffroi.
Au XIXe siècle, des colonnes néoclassiques remplacent quelques arcades médiévales.
Les quatre portes sont détruites et les remparts vendus aux riverains. Diminués en hauteur, ils servent de murs de soutènement. La halle de fonte et de verre devient le symbole d’une ère nouvelle : c’est alors l’apogée de la bastide…
A gauche : Dessin de J.F. Lapouyade-Monségur
A droite : maison ancienne restaurée, ruet du Soleil – Monségur
A gauche : Lithographie de J. Philippe dans Alexandre Ducourneau, «La Guienne Historique et Monumentale, 1842-1844» – Monségur
A droite : Tour du Gouverneur, rue Latraine – Monségur
Bien vivre en bastide
Par la mise en place des services essentiels à la communauté y compris l’aide aux déshérités, par les échanges avec sa juridiction puis avec son canton, par son adaptation aux nouveaux commerces et aux festivités, par la densité du bâti aux abords de la place et sur l’ensemble du site, la bastide a été et reste un centre économique, administratif, religieux et éducatif d’importance.
Monségur Des halles en Bastides
La halle de Monségur
Chef d’oeuvre de fonte et de verre, elle est édifiée en deux campagnes de construction en 1867-1872 d’une part et 1896-1897 d’autre part.
La partie périphérique, due à H. Issartier, réserve le centre à un jardin d’agrément.
La place a donc une fonction autre que commerciale. Une génération plus tard, le manque de surface abritée amène la municipalité Albert à couvrir la place centrale. L’élévation à deux étages avec de grandes verrières permet un éclairage naturel suffisant. S’y déroulent marchés hebdomadaires, foires et animations dont le festival de jazz.
La halle et la place
Dans les bastides, la halle est le plus souvent au centre de la place.
Elle peut aussi, comme à Monpazier (Dordogne), en occuper seulement un côté. Souvent, elle abrite à l’étage la maison communale.
Cette disposition a été maintenue à Sainte-Foy-la-Grande et à Cadillac, dans la reconstruction du XIXe siècle.
L’évolution architecturale
Les halles d’origine, construites en bois (charpente et piliers) et en pierre (colonnes ou piliers) sont couvertes de tuiles creuses. Certaines de ces halles qui fi gurent sur les cadastres napoléoniens ont disparu (Créon, Blasimon, Sauveterre), pour diverses raisons (injures du temps, coût de l’entretien, gêne pour des activités etc.).
Les cartes postales et documents anciens nous le rappellent. Parfois elles ont été déplacées comme à Sainte-Foy-la- Grande. Jugées vétustes au XIXe siècle, elles ont été supprimées ou remplacées par des halles plus modernes, en pierre à Cadillac, en fonte et verre à Monségur ainsi qu’à Pellegrue.
Dans ces deux bastides, les municipalités ont préféré utiliser de nouveaux matériaux moins onéreux car fabriqués en série.